2.3 Rendre les véhicules électriques plus abordables
L'un des principaux obstacles à l'adoption des véhicules électriques au Canada est leur prix d'achat relativement élevé par rapport aux voitures à essence.32 En 2021, le prix moyen d'un véhicule électrique neuf était supérieur de plus de 20 % à celui d’une voiture ou d’un camion moyen vendu aux États-Unis.33 Cet écart de prix s’explique en partie par le coût élevé et l'offre encore limitée de batteries avancées et d'autres composants. Les observateurs de l'industrie s'accordent à dire que tant que les constructeurs automobiles ne pourront pas construire et rentabiliser des véhicules électriques à un niveau comparable à celui des véhicules classiques, les prix à la consommation resteront supérieurs à la moyenne.34
Les gouvernements désireux de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) cherchent des moyens d'encourager l'adoption plus rapide des véhicules électriques. Par exemple, le Canada s'est fixé comme objectif de mettre en œuvre un mandat de vente national exigeant que les véhicules à zéro émission représentent 20 % de toutes les ventes de nouveaux véhicules légers d'ici 2026, 60 % des ventes d'ici 2030 et 100 % d'ici 2035.35 D'autres juridictions ont pris des mesures similaires; c’est le cas du Royaume-Uni, de la Californie et de la Chine.
Objectifs pour les ventes de véhicules électriques au Canada
Toutefois, les mandats ne suffiront pas à encourager l'adoption des véhicules électriques. Dans une soumission à la consultation fédérale sur les mandats portant sur les véhicules à zéro émission, Unifor a plaidé en faveur d'une approche politique « holistique » pour stimuler l'adoption des véhicules électriques en combinant les mandats de vente du gouvernement avec des améliorations majeures de l'infrastructure et des efforts de développement industriel.36 En fait, de toutes les nouvelles immatriculations de véhicules légers au Canada, moins de 4 % sont des véhicules électriques. La quasi-totalité d'entre eux est immatriculée en Colombie-Britannique ou au Québec en raison des incitatifs à l'achat avantageux offerts par ces deux provinces.37
Pour prendre ce virage vers l'électrification, il faut s'attaquer à l'écart d'accessibilité, reconnaître les obstacles de prix et mettre en place des mesures de soutien significatives pour les surmonter.
32 Selon un sondage du BCP mené en novembre 2020, 43% des répondants ont déclaré que les VE étaient trop chers: https://globalnews.ca/news/7632277/internal-government-poll-support-electric-vehicle-subsidy/
33 Voir Kelley Blue Book novembre 2021 : https://www.prnewswire.com/news-releases/eight-straight-new-vehicle-prices-mark-another-record-high-in-november-2021-according-to-kelley-blue-book-301442015.html
34 Bloomberg Hyperdrive Daily évalue la parité des prix lorsque le coût des bloc-batteries franchira le seuil de 80 dollars par kWh. Selon des estimations préliminaires, cela devrait se produire en 2026: https://www.bloomberg.com/news/newsletters/2021-05-25/hyperdrive-daily-the-ev-price-gap-narrows
35 Voir Transport Canada: https://tc.canada.ca/en/road-transportation/innovative-technologies/zero-emission-vehicles/canada-s-zero-emission-vehicle-zev-sales-targets
36 Soumission d’Unifor à la consultation d'ECCC sur d'éventuelles mesures supplémentaires nécessaires pour atteindre un objectif de vente obligatoire de VZE de 100%, disponible à : https://www.unifor.org/resources/our-resources/eccc-consult-possible-additional-measures-needed-achieve-mandatory-zev
37 Statistique Canada – Statistiques automobiles: https://www.statcan.gc.ca/en/topics-start/automotive (consulté le 1er février 2022).
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#15. Augmenter les incitatifs à l'achat de véhicules.
Dans l’immédiat, le gouvernement fédéral pourrait doubler le programme de remise iVZE pour le porter à 10 000 $. Les gouvernements provinciaux doivent également introduire des remises aux consommateurs similaires et complémentaires là où elles ne sont pas encore en place. Pour assurer une répartition équitable des fonds publics, les gouvernements doivent également envisager de mettre en place une remise dynamique fondée sur le revenu une fois que la pénétration du marché pour l'achat de nouveaux véhicules à zéro émission légers aura franchi le seuil de 50 % (c.-à-d. éliminer les subventions aux personnes dont le revenu est supérieur à 200 000 $ et établir une subvention à échelle mobile pour celles dont le revenu est inférieur à ce montant).
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#16. Introduire un programme temporaire de remise sur les échanges de véhicules.
Fortement affectées par les arrêts de production et les perturbations de la chaîne d'approvisionnement, les ventes annuelles de l'industrie automobile canadienne et américaine continuent d'être inférieures aux niveaux prépandémiques de 15%38 et 12% respectivement.39 L'élaboration de programmes d'échange ou de mise à la ferraille de véhicules peut à la fois stimuler la demande de véhicules plus récents et plus économes en carburant, comme les véhicules électriques, et réduire les émissions globales de carbone en retirant de la circulation les vieux véhicules plus polluants. Un tel programme peut s'appliquer aux véhicules âgés de 12 ans ou plus, soit la durée de vie moyenne d'un véhicule, et fonctionner en conjonction avec des incitatifs équivalents offerts par les constructeurs automobiles.
38 Voir Automotive News Canada (5 janvier 2022): https://canada.autonews.com/retail/2021-sales-nearly-7-remain-far-below-194m-sold-2019
39 Voir Automotive News (8 janvier 2022): https://www.autonews.com/sales/2021-us-auto-sales-most-unusual-year