3.2 Rehausser les métiers spécialisés du Canada

À mesure que la technologie progresse et que les outils nécessaires à l'exécution du travail changent, il est plus important que jamais de veiller à ce que les qualifications et les titres de compétence qui sous-tendent les métiers spécialisés du Canada évoluent avec elle.

Le Canada a besoin de travailleuses et travailleurs qualifiés. Les prévisions du marché du travail annoncent constamment de graves pénuries de métiers, tant dans les métiers du bâtiment et de la construction que dans le secteur de l'automobile. Des campagnes menées par les groupes industriels et le gouvernement pour attirer l'attention sur les métiers en tant que choix de carrière pour les jeunes sont en cours dans toutes les régions du pays, mais les résultats sont au mieux mitigés. En fait, au cours des dix années entre 2010 et 2020, le nombre d'apprentis mécaniciens industriels nouvellement inscrits est resté inchangé, fluctuant de 1 400 à 2 100 par an, suivant une tendance similaire pour les électriciens industriels.48

Les employeurs exigent d’avoir des travailleuses qualifiées et des travailleurs qualifiés, mais veulent généralement les embaucher « déjà formés ». Cette réticence à investir dans les apprentis et la formation professionnelle est l'une des causes de la pénurie de main-d’œuvre. Au lieu d'accueillir les apprentis, les employeurs tentent trop souvent de reconfigurer et de redéfinir les tâches des travailleuses et travailleurs de métier. Plutôt que de rehausser leurs compétences, l'introduction de nouvelles technologies peut entraîner des conflits, les employeurs affirmant que les nouvelles compétences et tâches ne relèvent pas de la responsabilité d'un compagnon. Cette approche menace d'éroder la base de compétences des travailleuses et travailleurs de métier dans le secteur de l'automobile et nuit à la qualité du travail à long terme.


48 Statistique Canada, tableau CANSIM 37-10-0137-01

  • Avec le passage à l'électrification et aux nouveaux processus de travail de l'industrie 4.0, les difficultés préexistantes associées aux métiers, à savoir l'attraction, la rétention et la préservation, vont remonter à la surface. Les gouvernements, y compris les organismes provinciaux de surveillance des métiers, doivent calibrer les nouvelles compétences telles que l'impression et la numérisation 3D, la réalité virtuelle, la simulation et la robotique par le biais du cadre de certification Sceau rouge du Canada ou inclure ces compétences dans les champs d'exercice élargis des métiers existants.

    Inscriptions annuelles au programme d’apprentissage Sceau rouge, 2010-2020

    Graphique à barres rouges et bleues des inscriptions à l’apprentissage des électriciens industriels et des mécaniciens de chantier en vue du Sceau rouge au Canada, de 2010

    Source : Statistiques Canada, tableau CANSIM 37-10-0137-01

  • La vitesse à laquelle l'industrie automobile canadienne passera à la production de véhicules électriques et la forme que prendra cette transition demeurent incertaines. Cependant, en l'espace de quelques années, les perspectives d'avenir de l'industrie automobile canadienne sont passées de sombres49 à brillantes. Une industrie en pleine croissance, qui contribue à la réduction des émissions de GES et à la réalisation des ambitions plus larges du Canada en matière de carboneutralité, a beaucoup à offrir à une nouvelle génération de travailleuses et travailleurs. L'utilisation de cet attrait comme tremplin pour attirer les jeunes travailleuses et travailleurs dans les métiers spécialisés pourrait grandement contribuer aux efforts de recrutement actuels du gouvernement et des employeurs.


    49 John McElroy, « Why Young People Shun Auto Industry » (« Pourquoi les jeunes fuient l’industrie automobile »), (28 août 2014). Ward’s Auto: https://www.wardsauto.com/blog/why-young-people-shun-auto-industry