2.4 Élargir le réseau des bornes de recharge pour véhicules électriques au Canada
Les gouvernements du Canada et du monde entier continuent d'encourager les consommateurs à adopter davantage les voitures électriques à batterie ou celles qui sont alimentées par des systèmes de propulsion de remplacement. Outre le prix à la consommation, les principaux obstacles à l'adoption massive des véhicules électriques sont les préoccupations liées à l'« angoisse de l'autonomie », c’est-à-dire la crainte qu’on les conducteurs à ce que leur batterie se décharge pendant un voyage, d'autant plus que le climat plus froid du Canada épuisera les batteries plus rapidement, ainsi que le manque d'accès à l'infrastructure de recharge.40 Pour surmonter ces obstacles, le Canada doit entreprendre une expansion majeure de son réseau de recharge des véhicules électriques. En 2021, le réseau de recharge du Canada comptait 15 000 bornes de recharge publiques ou semi-privées,41 réparties dans environ 6 500 stations à travers le pays.42 Les rapports d'analystes classent le Canada parmi les derniers pays à être prêts à accueillir des véhicules électriques, en partie à cause de la lenteur des efforts déployés pour développer les infrastructures nécessaires, notamment les bornes.43
Dans la foulée des élections fédérales de 2021, le gouvernement libéral s'est engagé à verser 880 millions de dollars supplémentaires pour construire 65 000 bornes de recharge de plus d'ici 2026.44 Cette expansion s'ajoute à d'autres engagements pris par les constructeurs automobiles, dont GM, pour développer 40 000 stations de recharge dans toute l'Amérique du Nord.
Aussi positifs que ces développements puissent paraître, l'accès à l'infrastructure de recharge doit être exponentiellement plus élevé si le Canada veut réussir à atteindre ses objectifs en matière de véhicules à zéro émission. Par exemple, les balises établies par les organismes de l'Union européenne recommandent un ratio d’une station de recharge pour chaque 10 véhicules électrique en circulation.45
Le Canada devra augmenter considérablement ses investissements prévus dans l'infrastructure pour atteindre ce ratio. Plus précisément, le gouvernement devra prévoir la disponibilité de 4 millions de bornes de recharge afin de répondre aux besoins d'un parc routier d'environ 39 millions de véhicules électriques, selon les objectifs de vente actuels de véhicules à zéro émission.
Ces préoccupations concernant l'infrastructure soulèvent également d'autres considérations. Il faut se demander comment les propriétaires de véhicules électriques qui résident dans des immeubles résidentiels à logements multiples ou qui manquent d'espace pour installer des bornes chez eux auront accès à l'infrastructure. L'accès à une variété de types de recharge, y compris les niveaux un, deux et les stations de charge à courant continu (c.-à-d. rapide), est également important et doit répondre aux besoins des diverses communautés à travers le pays. Il est également nécessaire de veiller à ce que des investissements suffisants et des expansions soient faits pour la production d'énergie propre et sans émissions, en plus de la capacité de charge de base des provinces et des territoires, afin d'éviter la conséquence involontaire de compenser l'augmentation du nombre de véhicules sans GES par des niveaux plus élevés de production d'énergie à forte intensité de GES.
40 Ressources naturelles Canada, citant l’étude réalisée par Pollution Probe et The Delphi Group: https://www.nrcan.gc.ca/energy-efficiency/transportation-alternative-fuels/resource-library/zero-emission-vehicle-charging-murb-and-garage-orphans/21825
41 « Le Canada doit construire des millions - et non des milliers - de stations de recharge pour VE, selon un groupe du secteur », actualités de CBC (21 décembre 2021): https://www.cbc.ca/news/science/electric-vehicle-charging-stations-1.6293915
42 Carte des stations pour véhicules électriques, présentée par EnergyHub: https://www.energyhub.org/ev-map-canada/
43 Ernst & Young (2021), La Chine, la Suède et l'Allemagne sont en tête de l'indice EY de préparation des pays pour les véhicules électriques: https://www.ey.com/en_gl/news/2021/11/china-sweden-and-germany-lead-the-way-on-the-ey-electric-vehicle-country-readiness-index
44 Programme électoral 2021 du Parti libéral - véhicules zéro émission: https://liberal.ca/our-platform/zero-emissions-vehicles/
45 Voir le rapport sur la directive de l’Union européenne sur le déploiement d’une infrastructure pour carburants alternatifs (octobre 2014): https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=celex%3A32014L0094
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#17. Établir une référence pour le réseau de recharge, soit au moins une borne pour chaque 10 véhicules électrique routier.
L'établissement et la communication d'une référence nationale en matière de recharge permettront d'orienter les planificateurs d'infrastructures et de coordonner les efforts entre les différents niveaux de gouvernement. Une telle référence atténuerait chez les acheteurs potentiels de véhicules électriques la crainte du manque d’autonomie, l'un des principaux obstacles à l'adoption. Un suivi régulier est essentiel pour assurer un déploiement approprié des ressources et des points d'accès dans les différentes régions du pays, notamment dans les communautés éloignées.
L'atteinte de cette référence ambitieuse nécessitera des investissements supplémentaires de la part de tous les paliers de gouvernement, partiellement financés par les constructeurs automobiles eux-mêmes, en fonction de l'augmentation prévue du nombre de propriétaires de véhicules électriques. Les investissements comprennent la modernisation des espaces publics, y compris les bibliothèques et les centres communautaires, les habitations à logements multiples et le réseau existant de stations-service dans les collectivités et le long des corridors routiers. L'augmentation de la capacité de recharge doit inclure un mélange de stations de recharge de niveau 2 et de recharge rapide en courant continu.
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#18. Développer la production d'énergie propre pour renforcer la capacité de charge de base des provinces.
Convoquer un groupe de travail fédéral-provincial pour évaluer les problèmes de capacité existants et les possibilités d'investissements conjoints dans l’augmentation de la production d'électricité sans GES, en mettant l'accent sur la production d'énergie à partir de sources renouvelables dans la mesure du possible.