4 - Créer des emplois syndiqués de haute qualité

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4.1 Encourager activement les emplois syndiqués et la négociation collective

La concurrence mondiale croissante pour les mandats de produits crée un environnement plus virulent qui exerce une pression à la baisse sur les droits des travailleuses et des travailleurs. Pour changer de cap, tous les niveaux de gouvernement doivent plaider activement en faveur de la syndicalisation et établir des lois qui améliorent l’accès des travailleuses et travailleurs aux syndicats et à la libre négociation collective.

Recommandations :

  • Le Fonds stratégique d'innovation s'est révélé être un outil puissant pour mobiliser des fonds publics afin de stimuler l'investissement et de développer stratégiquement des industries clés, y compris l'automobile. Ceux qui reçoivent des fonds publics de n'importe quel palier de gouvernement doivent s'engager à faire progresser les objectifs sociaux généraux du Canada, en veillant à faire progresser les droits constitutionnels des travailleuses et travailleurs. En l’occurrence, les employeurs doivent s'engager à faire respecter les droits syndicaux fondamentaux dans le cadre de leurs activités au Canada et s'engager à adopter une position neutre à l'égard de la syndicalisation des employés, ce qui signifie qu'ils permettront aux travailleuses et travailleurs d'accréditer un syndicat sans ingérence ni intimidation.

  • Afin de soutenir le droit des travailleuses et travailleurs à la syndicalisation, le processus d'accréditation doit être équitable pour les travailleuses et travailleurs et exempt d'intimidation de la part des employeurs. L'accréditation automatique d'un syndicat lorsqu'une majorité de travailleuses et travailleurs signent une carte syndicale élimine la nécessité d'organiser un second vote, souvent entaché de contre-campagnes patronales. Cela crée également une voie moins conflictuelle et plus juste pour les travailleuses et travailleurs, y compris les travailleuses et travailleurs de l'automobile, pour exercer leur droit de se syndiquer et d'entreprendre des négociations collectives.

  • Le Canada est une nation commerçante. Cependant, les accords commerciaux préférentiels, y compris les accords de libre-échange, les pactes d'investissement et autres, n'ont, au cours des 30 dernières années, ni développé l'industrie automobile canadienne, ni amélioré les salaires et les conditions de travail des travailleuses et travailleurs de l'automobile. Au contraire, la mondialisation induite par le libre-échange a encouragé les constructeurs automobiles multinationaux à étendre les chaînes d'approvisionnement sur de plus longues distances et à s'assurer des profits plus importants en transférant la production dans des pays où les coûts sont faibles. Dans la plupart des cas, les accords commerciaux offrent aux travailleuses et travailleurs peu ou pas de recours pour lutter contre ces pratiques d'exploitation. Toutefois, les modifications apportées à l'ALENA en 2020 ont marqué un changement important dans la manière dont les protections du travail peuvent s'entrecroiser avec le libre-échange. En vertu du nouveau pacte commercial nord-américain, l’ACEUM, les employeurs s'exposent à des sanctions sévères s'ils nient le droit des travailleuses et travailleurs à la libre négociation collective et à l'organisation syndicale, pouvant aller jusqu'à l'interdiction des exportations. Les travailleuses mexicaines et travailleurs mexicains de l'usine de camions GM à Silao ont réussi à organiser un syndicat indépendant en février 2022,53 rompant ainsi avec un accord de protection vieux de plusieurs décennies qui bafouait les droits des travailleuses et travailleurs de l'automobile. Le syndicat indépendant a été organisé après que le gouvernement des États-Unis avait invoqué les protections spéciales du travail et menacé de sanctions en vertu de l’ACEUM. Tous les accords commerciaux conclus par le Canada doivent inclure des clauses qui obligent les gouvernements et les employeurs à adhérer aux normes internationales du travail, y compris le droit à la négociation collective libre et équitable, clauses soutenues par des conditions pleinement exécutoires et accessibles aux travailleuses et travailleurs.


    53 Voir Reuters (3 février 2022), “'Fed up' GM workers in Mexico pick new union in historic vote »: https://www.reuters.com/business/autos-transportation/gm-workers-mexico-elect-independent-union-historic-labor-vote-2022-02-03/

  • Des conditions de travail normalisées, telles que les salaires et les avantages sociaux dans un secteur ciblé, offrent une certaine stabilité et sécurité aux travailleuses et travailleurs, en particulier dans une industrie des pièces automobiles marquée par une forte pression et une grande concurrence en termes de coûts. Contrairement au secteur de l'assemblage automobile, composé d'une poignée de fabricants d'équipement d'origine dont les salaires et les avantages sociaux sont généralement alignés et respectent les conditions du règlement cadre négocié par Unifor, l'industrie des pièces représente un éventail de grandes entreprises de premier niveau et de petites entreprises de deuxième niveau. Par conséquent, les taux horaires de rémunération sont éparpillés, allant du salaire minimum à plus de 30 $ l'heure selon le fournisseur, tout comme les avantages sociaux, les taux de prime et les autres conditions d'emploi. À l’instar d'autres pays constructeurs d'automobiles, y compris ceux d'Europe, les gouvernements du Canada doivent explorer les mérites d'un cadre de négociation collective sectorielle visant à soutenir les travailleuses et travailleurs, à créer une certitude de coûts pour les fournisseurs et à éliminer l'incitation à réduire les coûts de la main-d'œuvre comme moyen d'attirer les investissements.